Les lundi et mardi 19 et 20 août 2019 se déroulait à l’Édifice Wilder – Espace Danse de Montréal le FMD_rencontres ainsi que les Midis Affaires. Deux événements incontournables de la programmation intérieure du Festival Mode & Design.
Toujours un plaisir d’entendre en conférence les parcours hors du commun de personnalités internationales venues nous partager leurs impressionnantes expériences professionnelles.
Animées de main de maître par le journaliste mode bien connu Stéphane Leduc, les conférences du FMD_rencontres permettent d’en apprendre davantage sur ces personnalités marquantes de la scène mondiale.
Les Midis Affaires, par le biais de conférenciers chevronnés, abordent des thèmes actuels tels que, pour cette édition, l’avenir des commerces sur les grandes artères commerciales et le rôle de Montréal comme pôle de la mode et du commerce.
Lundi 19 août, Les Midis Affaires ouvraient le Festival Mode & Design avec la conférence titrée : Montréal comme pôle florissant de l’industrie de la mode.
Animé par Mona-Lisa Prosper de Montréal International, les panélistes invités Jean-Philippe Robert, président de Quartz Co., Louis-Charles Plante, directeur des ventes de Surmesur et Carl Boutet, conseiller principal de l’École de retail Bensadoun ont tour à tour exposé leur point de vue.
D’entrée de jeu, ce qui est intéressant à savoir, c’est qu’en ce qui concerne les domaines du design et de la mode, Montréal se classe au troisième rang en importance après les villes Los Angeles et New York de ce classement, ce qui est donc peut dire.
Il est aussi vrai d’affirmer qu’il y a beaucoup de talent et de créativité au Québec. Les écoles de mode forment d’ailleurs à chaque année de prolifiques jeunes talents.
L’image de marque des produits modes québécois est excellente, ce qui permet aux entreprises oeuvrant dans ce secteur de se diriger plus aisément vers des marchés d’exportation en raison notamment de la compétition mondiale dans le domaine et de la petitesse du marché local.
L’écosystème montréalais est bien présent grâce notamment à des organismes tels que mmode, grappe métropolitaine de la mode, qui aident au développement et à la croissance des entreprises locales.
Toujours se réinventer et créer des produits haut de gamme affirment les panélistes invités afin de cibler une clientèle bien précise. Un des défis à relever réside aussi dans le fait que les entreprises dites vieillissantes soient capables de se moderniser rapidement afin d’accéder au talent plus facilement.
Un autre enjeu majeur, de cette industrie, est le manque criant de main-d’oeuvre spécialisée. Par exemple les métiers de patronniste ou de couturière sont très en demande. Métier traditionnellement chez nous moins valoriser qu’en Europe, cela représente donc un défi de taille d’intéresser la jeune génération.
Il faut définitivement rendre notre industrie attrayante s’endentent pour dire les panélistes. La mode est un phénomène relativement jeune ici. En Europe, par exemple, il y a cette culture, cette tradition liée au vêtement qui n’existe pas nécessairement ici.
En soirée, Stéphane Leduc recevait le prolifique créateur de chaussures de stars Jérôme C. Rousseau et quel mémorable moment passé en sa compagnie.
Né à Roberval et notamment gradué du Collège LaSalle à Montréal, Rousseau découvre, adolescent, l’univers des chaussures grâce entre autres aux vidéos du coloré groupe musical Deee-Lite et dont il s’inspire pour commencer à dessiner des chaussures. Inspiré par la musique pop, il affectionne particulièrement les chaussures à plate-forme.
Il étudie également à Londres au London’s Cordwairners College dans le domaine du design de la chaussure et effectue un stage de formation chez John Fluevog. Son premier emploi, sous la forme de contrat, lui donne l’occasion de faire de la recherche et il dessine plusieurs croquis.
En 2008, avec courage et détermination, il lance sa propre marque. Ses sources d’inspiration sont nombreuses et rebelles telles que l’art moderne, le design européen, la pop culture et l’univers du nightlife. Les chaussures ont leur propre voix, elles dansent par elles-mêmes, s’exclame-t-il.
Il a chaussé plusieurs célébrités au cours de sa carrière telle que Charlize Theron, Cameron Diaz, Jessica Alba ou bien Kristen Stewart.
Il a également dessiné des chaussures pour le célèbre personnage de Walt Disney Miss Peggy et c’est le rose qui a le plus inspiré Jérôme C. Rousseau lors de son processus créatif, car c’est cette couleur qui colle le mieux à la personnalité de Miss Peggy tel le pelage de l’animal.
Le processus créatif de Rousseau est songé et ludique. À l’aide de nombreux collages de photos et images variées, il crée plusieurs thématiques. Il s’inspire par exemple des sources du passé notamment des décennies 60 et 70, de tissus animaliers, de femmes nues, de textures et formes insolites formants ainsi un univers éclaté.
La splendide chanteuse Madeleine Kane est également une autre source d’inspiration pour le créateur.
Les chaussures de luxe Jérôme C. Rousseau sont habilement fabriquées à la main en Italie.
Jérôme C. Rousseau – Créateur de chaussures
À compter de 21 h 00, c’était au tour du talentueux créateur de mode Denis Gagnon de venir partager avec un public déjà conquis son impressionnant parcours. Pour cette occasion, ses amies et dames de cœur, AZAMIT, créatrice du SOUK @ SAT, Nathalie Bondil, directrice générale du MBAM et MARIE-MAI, auteure-compositrice-interprète, sont venus tour à tour partager des moments privilégiés avec cette grande star de la mode québécoise.
Denis Gagnon se perçoit comme un éternel insecure. Le domaine de la mode au Québec représente un défi constant pour lui, car il faut sans cesse se battre par y arriver, c’est un peu comme le combat de David contre Goliath affirme-t-il. L’équipe de travail, les gens qui nous entoure, cet amalgame est essentiel à la réussite du lancement d’une collection.
Sa muse AZAMIT, affirme de son ami que son univers est théâtral et joyeux, impulsif, il est délicat et un brin parfois naïf. Une des grandes qualités professionnelles de Denis Gagnon est qu’il sait sans cesse se renouveler.
Denis Gagnon a travaillé en collaboration avec Marie-Mai pour les costumes de son album Elle et Moi et de la chanson Exister. Comme lui, elle est insecure et se sent beaucoup d’affinité avec le créateur.
Denis Gagnon affectionne particulièrement les gens qui ont du caractère, les femmes fortes l’inspirent et sa clientèle lui reste longtemps fidèle.
Pour Nathalie Bondil, Denis Gagnon c’est cette générosité pure et l’empathie envers autrui. Ce qu’elle apprécie particulièrement chez lui, c’est cette capacité professionnelle à habiller des femmes de tailles très différentes, d’âges et styles très diversifiés.
En 2010, le MBAM lui a d’ailleurs consacré une grande exposition rétrospective marquant les moments de la carrière de ce talentueux créateur.
Denis Gagnon – Créateur de mode
Mardi 20 août, Les Midis Affaires, par le biais de Manon Lozeau-Simard, V.P., L.L. Lozeau, François Roberge, PDG de La Vie en Rose et Claude Rainville, D.G. de la SDC du Mont-Royal abordaient le pertinent thème de l’avenir des grandes artères commerciales.
Le commerce de détail est difficile depuis quelques années et taux d’occupation des loyers est plutôt bas. Plusieurs facteurs expliquent d’ailleurs ce phénomène.
La fermeture des rues à Montréal en raison des travaux de réfection par la Ville porte un dur coup aux commerçants. C’est un cri du cœur des dirigeants des SDC afin d’obtenir une meilleure collaboration et un respect envers les commerçants. Le taux de taxation de la Ville et celui des loyers est également faramineux.
Par contre, grâce à la vente en ligne, le commerçant peut compter sur cet outil de distribution pour contrer ces irritants.
Un des avantages d’une artère commerciale est le fait d’accéder plus facilement au commerce. Afin d’unir l’offre commerciale, il important d’avoir cette mixité entre les grandes bannières et le commerce dit indépendant.
La facilité d’accès aux transports, au stationnement, la propreté des lieux et les heures d’ouverture des commerces contribuent aussi à attirer la clientèle.
Une artère commerciale saine est une rue au positionnement spécifique et unique en son genre. L’offre des produits doit être distinctive.
En soirée, Stéphane Leduc s’entretenait, dès 18 h 00, avec une personnalité fort éloquente, Alain Gossuin, mannequin de renommée internationale.
Personnalité extravertie, enjouée, expressive et franche comme pas une, Alain Gossuin en a surpris plus d’un par sa verve et cet entretien a donné lieu à de délicieux et croustillants moments d’interview.
Alain Gossuin est né en 1962 à Bruxelles en Belgique. Sa mère, styliste pour Pierre Cardin est une grande source d’inspiration et lui transmet très tôt ce goût pour la mode. Il regarde fréquemment les magazines de mode et est attiré par le mannequinat et cet univers fascinant.
Garçon timide et frêle, il s’inscrit à l’École de la chambre syndicale de la couture parisienne et suit des études en stylisme ainsi qu’à l’Institut Bischoffsheim.
Il fait la rencontre des six d’Anvers et devient mannequin. Il est repéré plus tard par Claude Montana, star de la mode de la décennie 80 et il travaille ensuite pour Valentino à Rome, mais c’est à Milan qu’il désire poursuivre sa carrière.
Il débute alors par le biais d’une agence sous forme de casting en posant pour quatre photographies. Tout va très vite par la suite et en 1989, sa carrière est lancée. Top modèle de la décennie 90, il avoue que ce métier compte ses heures de gloire, mais il y a aussi des bas, il faut donc, si on aspire y faire carrière, s’y préparer.
Pour Gossuin, la source de lumière d’une photographie est vitale. Le mannequin participe en quelque sorte à cette image et joue avec l’objectif du photographe.
La photographie de mode doit raconter une histoire. Le fait d’être spontané et à l’aise devant l’objectif rend la séance de photos beaucoup plus agréable. Un bon mannequin apporte ce petit quelque chose de plus qui donne l’effet wow tant recherché.
Dès 21 h 00, Christophe de Lataillade, directeur de la création des parfums MUGLER terminait ce FMD_rencontres en beauté en partageant avec nous les moments marquants de sa carrière chez ce grand créateur dont l’audace et l’excentricité ont marqué l’imaginaire collectif des décennies 80 et 90.
Traducteur de métier, Christophe de Lataillade travaille dans le domaine de la publicité. Il fait la rencontre de Mugler et oeuvre maintenant à ses côtés depuis plus d’une trentaine d’années.
Il dit de Mugler que c’est un personnage plus grand que nature et que ce n’est pas nécessairement toujours facile de travailler avec lui. Il est en fait perfectionniste et a une vision très claire des projets qu’il désire réaliser. Afin de travailler à ses côtés, il est donc nécessaire d’être débrouillard et allumé.
L’univers de Mugler est théâtral et poétique. Ce sont donc des parfums d’émotion qui sont créés d’où l’importance en marketing de la présentation de l’emballage.
A Men, parfum lancé en 1996, est un parfum oriental aux notes boisées et corsées et l’histoire de ce parfum est narrative.
Le lancement, en 2017, de la superbe collection des flacons d’Art à parfum nommé Nuages se décline en cinq objets de curiosité qui, en eux-mêmes, représentent l’exclusivité et le luxe de la marque Thierry Mugler.
En haute parfumerie si vous plaisez à 3% des gens, c’est déjà que vous avez gagné une bonne part de marché affirme M. de Lataillade.
Lors de cette enrichissante conférence, le public invité a pu admirer, grâce à une vidéo promotionnelle, le nouveau parfum Alien Fusion pour femme lancé cette année.
Mystique et particulier, ce parfum oriental se décline en notes florales épicées de vanille, fleur d’oranger, gingembre et cannelle.
Bref, ces enrichissantes conférences ont permis de découvrir, par le biais d’invités chevronnés, de fabuleux univers tous bien différents les uns des autres et surtout bien inspirants !
Photographies, travail personnel, Édifice Wilder – Espace Danse, Montréal, 19 et 21 août 2019.