Afin de marquer le 50e anniversaire de l’alunissage d’Apollo 11 et du premier pas de l’homme sur la lune, le Brooklyn Museum de New York présente jusqu’au 5 janvier 2020 une grande exposition rétrospective retraçant 70 ans de carrière du couturier visionnaire français Pierre Cardin. Cette exposition propose un parcours éclairé du caractère avant-gardiste et de l’influence marquante du créateur au fil du temps et au- delà des modes.
Celle-ci organisée avec brio et sobriété de façon chronologique présente, par thématiques, les points marquants de la longue carrière du créateur et propose 170 objets datant de 1950 à de nos jours. Incluant des créations haute couture, de prêt-à-porter, d’accessoires, de photographies, de croquis et de films provenant des archives de Pierre Cardin, le visiteur est immédiatement transporté dans l’univers de cette grande exposition.
Sommaire biographique :
Pierre Cardin, de son véritable nom Pietro Constate Cardin est né à Sant’Andrea di Barbarana en Italie en 1922. Couturier, homme d’affaires aguerri, gastronome et amoureux de l’art, il est définitivement à 97 ans, un personnage marquant de la mode des cinquante dernières années.
Créateur visionnaire et avide d’expérimentation, il entre dans la haute couture en 1957 et y oeuvrera environ une dizaine d’années. À la fin des années 50, il marquera son époque en présentant une collection choc de prêt-à-porter. Il est considéré au même titre que Paco Rabanne et André Courrèges comme l’instigateur de la mode dite futuriste si caractéristique à la décennie 60.
La marque Pierre Cardin est distribuée sous la forme de franchises dans plus de 100 pays à travers le monde. Ce qui fait de lui l’un des cinq français les plus connus mondialement.
Reconnu pour sa fascination de l’espace et du futur, Pierre Cardin marque les années 60 et 70 par sa vision futuriste de la mode, l’audace des coupes de ses vêtements avant-gardistes et la modernité des styles proposés.
Le premier thème de l’exposition explore le début de la carrière du jeune créateur. Sur cette photographie, un élégant tailleur à large col bulle datant de 1957.
Le second thème fashions for tomorrow explore le changement et la métamorphose du processus créatif du couturier. En 1959, Pierre Cardin risque une prolifique carrière dans la haute couture et sa réputation pour lancer une ligne de prêt-à-porter dans le but de démocratiser la mode et propose alors un style linéaire et avant-gardiste qui plaira dès lors à un large public.
Pierre Cardin se fascine pour la forme parabolique à savoir cette courbe plane qui est symétrique par rapport à un axe donné. Celle-ci forme de cette façon la lettre U. Ce processus de création débute notamment en 1957 avec le lancement de la collection Lasso. Il drape le tissu, forme des ellipses, puis des cônes. Ses robes paraboliques fabriquées de tissu stretch forment ainsi des 360 degré.
Cette robe parabolique du soir rouge fabriquée en jersey de soie, créée en 2012 en est un bel exemple.
Le thème A future for every one évoque, par le cosmocorps de Cardin, l’ère de l’âge spatiale inspiré par la culture populaire de l’époque. En 1966, la série télévisée Star Trek montre des femmes et des hommes vêtus de vêtements minimalistes et unisexes. Le futur de l’époque se veut inclusif et égalitaire afin que tous, peu importe la couleur ou la race, puissent vivre ensemble en harmonie.
Pierre Cardin est fasciné par les formes géométriques et le cercle est la forme prédominante de son processus créatif. Pour lui, cette forme enveloppe de façon naturelle les formes du corps et en développe ainsi de charmants modèles.
Le thème kinetic fashion explore l’influence du mouvement sur objets. L’énergie cinétique en physique, c’est l’énergie que possède un corps du fait de son mouvement par rapport à sa position initiale. Le travail d’Alexander Calder entre 1930 et 1970 influence, en ce sens, le processus créatif de Cardin. Les styles que propose le créateur sont mobiles tels que des sculptures cinétiques.
Le thème Couture furniture and industrial design propose une vision élargie de la mode. Dès les années 60, Pierre Cardin poursuit son expansion en ajoutant le design industriel à son arc en concevant ainsi des montres, horloges, radios et lampes ainsi que des designs novateurs pour l’intérieur des voitures et des avions.
Le thème new materials and the visible invisible démontre l’utilisation de plusieurs nouveaux matériaux pour l’époque telle que le plastique, le plexiglas ou le vinyle. En 1968, Pierre Cardin lance une série de robes en 3D fabriquées en fibre synthétique nommée le Dynel. Il moule et chauffe alors cette fibre et la renomme Cardine.
Le plexiglas inspire aussi Pierre Cardin dans sa création, une fois chauffé, celui-ci est plus malléable et sert notamment à fabriquer des visières ou des lunettes de soleil.
Le magnifique thème starry evening évoque la passion du créateur pour les explorations spatiales et l’inspire à concevoir de magnifiques robes du soir. Jeune, il est fasciné par le ciel étoilé et les constellations se reflétant ainsi sur son travail par les formes paraboliques des coupes de ses vêtements, les pierres du Rhin, les paillettes, les satins et les tissus lamés qu’il utilise. Modèles qui suggèrent ainsi l’idée des lointaines galaxies et des étoiles vues de la terre.
Le dernier thème illumination met l’accent sur les effets de brillance des modèles.
Des couleurs primaires sont aussi associées au neutre tel que le gris ou le noir. Cette jupe parabolique jaune coordonnée à un haut gris et ce jumpsuit en cuir noir aux insertions passepoilées jaunes procurent cet effet. Cette combinaison balancée de formes et de couleurs procure ainsi cette illusion de brillance ou d’effet de néon sans pour autant utiliser de matériaux réfléchissants ou électriques.
Bref, si vous avez l’occasion de voyager à New York cette année et êtes passionné par l’histoire de la mode et admirez ce grand couturier, cette exposition est définitivement à voir pour la mise en scène du décor, la sobriété des lieux et l’incroyable travail de création de Pierre Cardin au fil du temps.
Photographies, travail personnel, Brooklyn Museum, New York, 25 juillet 2019.