Jeudi 25 avril dernier, c’était soir de fête et pour cause, car les finissants des trois concentrations de l’École supérieure de mode ESG UQAM de l’année 2019 s’étaient donné rendez-vous afin de présenter fièrement leurs projets de fin d’études devant une foule enthousiaste venue assister à l’événement MÔMENTUM lancement et exposition.
Lors de cette remarquable soirée, huit finissants en design et stylisme de mode ont proposé, sous forme de défilé de mode statique et d’exposition, leurs impressionnantes créations. Les sources d’inspirations d’un designer sont nombreuses et variées et les créateurs de demain en ont bien fait la preuve.
Inspiré par le thème Illness Hill, Pierre-Olivier Allard s’est laissé guider pour créer par la maladie, de ce qu’elle comporte et de cette lutte silencieuse pour s’en sortir. Inspiré aussi par cette cliente bourgeoise retraitée à qui on a prescrit, en tant que remède, grand air, repos et immobilité.
Les matières utilisées pour cette impressionnante collection telle que la laine, la soie, les effets plissés et les volumes proposent l’état trouble de la patiente. En opposition, le vêtement suggère la dégradation progressive de l’état physique de celle-ci qui porte en elle une psychologie de combat toujours forte.
Olivia Bretheau Bidon s’est inspirée quant à elle pour créer du thème intitulé Stimulation bicéphale. Tel un laboratoire médical, des dentiers, des empreintes, des formes organiques, des couleurs cliniques, de la soudure et des petits outils forment cet univers éclaté.
C’est ainsi que prennent vie des styles colorés aux matières plastiques et de type métallique. Des câblages et développement de mécanismes songés donnaient le ton à l’ensemble de cette audacieuse collection.
Juliette Jorane Charron s’est inspirée pour créer du thème Motherland duquel elle puise un souvenir d’enfance assumé, transformé et raconté en images.
Sous ce thème, la créatrice explore la garde-robe chère aux baby-boomers de l’époque et développe une satire bien personnelle de cette génération. De facture environnementale, cette collection met en évidence le travail recyclé d’un tailleur fait main ou bien d’un pull-over offert en cadeau par grand-maman.
Le travail de Guillaume Delisle est impressionnant, car inspiré pour créer du thème Conjuration, ce dernier réinterprète de façon admirable le mouvement artistique romantique propre au 19e siècle. Période historique trouble ou démesure et tourmente donnaient le ton au bon goût du moment.
Inspiré par les tableaux de William Blake, de Goya et de Johann Füssli, l’univers froid de Delisle se veut ténébreux et ludique à la fois. L’utilisation de la fourrure et des plumes permet de présenter l’aspect bestial illustré dans les oeuvres de ces grands maîtres.
Alexis Fontaine-Sylvestre s’est inspiré pour créer du thème Au paradis, tout va bien. Cette collection puise ses racines de la vie mélancolique que le créateur a vécue dans une jolie banlieue boisée, de ses soirées télévisions casanières passées en famille et de ses souvenirs de jeunesse.
Des jeux de substitution de la structure textile sont les éléments-clé de la réflexion du créateur. Les coupes structurées et l’effet de transparence de l’ensemble procure à cette collection une intéressante modernité.
Le thème Li+ fait référence à la santé mentale et plus particulièrement aux troubles bipolaires. Carl-Olivier Henry propose, pour cette collection, un univers technique et géométrique comportant des habits professionnels traditionnels.
Au lieu d’opposer les contradictions de ses troubles mentaux en les représentants, Henry mise plutôt sur l’intégration homogène de la variété de cette garde-robe. La cohérence et la fonctionnalité de celle-ci permettent de défier le soi-disant statu quo social lié aux troubles de bipolarité.
Noémie Vallières s’est inspirée pour créer du thème Qualia. Mot qui symbolise cette perception bien personnelle du monde extérieur qui nous entoure selon notre vécu et notre bagage.
Cette collection est inspirée du spectre de lumière, telle notre vision du monde, de la flore et des expériences sensorielles et émotionnelles qui nous habitent. Celle-ci est réalisée dans des matières nobles. Des jeux de volants, des coupes en biais et l’utilisation d’une technique de transfert d’image à l’acétone, permettant l’insertion de motifs imprimés floraux, donnent le ton à cette vivante collection.
Sarah Danis-Cyr a signé ses créations sous le thème Trouble et celles-ci sont LE coup de cœur personnel de la soirée pour la simplicité des modèles proposés, l’épuration des styles et en même temps la recherche, la créativité et la cohérence qui s’en dégage.
Trouble part du concept ou la réalité reflète ce que notre cerveau veut bien percevoir. Or, il en est tout autrement en raison de la distorsion visuelle et notre capacité à rêver de façon éveillée, donc plus cette distorsion devient grande, plus le cerveau devient trouble et instable, d’où cette idée de brouillement.
Les finissants des concentrations commercialisation et gestion industrielle de la mode ont présenté leurs projets de recherche réalisés en équipe. Projets finaux d’études qui ont pris la forme de projet de recherche, de consultation d’entreprise, de plan d’affaires, de développement technologique, de nouveau produit ou de projet de l’organisation de l’événement final.
Tous plus intéressants les uns que les autres, ces projets ont permis aux finissants de développer leurs compétences acquises afin de préparer ceux-ci à affronter le compétitif domaine de la mode et ce, tout en travaillant en équipe et souvent sous pression.
Bref, de mémorables moments passés en leur compagnie à découvrir leurs fabuleuses créations et leur capacité à innover en tant que futurs gestionnaires de la mode.
Photographies, travail personnel, 25 avril 2019, Musée d’art Contemporain de Montréal.