Les collections rencontrent McQueen : enrichissante conférence présentée au MNBAQ

Jeudi 11 mai 2023, se déroulait au Musée National des beaux-arts du Québec l’enrichissante conférence mode et art intitulée : les collections rencontrent McQueen. Lors de cette conférence, trois panélistes de renom ont exposé leur point de vue à propos des œuvres d’art des collections du MNBAQ qui seront mises en valeur lors de cette prometteuse exposition intitulée Alexander McQueen : l’art rencontre la mode.

C’est ainsi que Bernard Lamarche, conservateur de l’art actuel au musée, Maude Lévesque, commissaire de l’exposition et Daniel Drouin, conservateur de l’art ancien, ont tour à tour traité du sujet.

Bernard Lamarche, Maude Lévesque, Daniel Drouin

Cette grande exposition mettra en lumière 32 œuvres provenant de la collection du musée et près de 195 objets y seront également exposés dont 69 ensembles créés par Alexander McQueen qui sont issus de la collection privée de Regina J. Druker. De plus, 50 œuvres d’art incluant une sélection de costumes historiques, 17 coiffes et chaussures réalisées par l’artiste de Los Angeles Michael Schmidt seront aussi mis à l’honneur.

Celle-ci permettra de découvrir des thèmes universels propres à la démarche artistique de McQueen telle que la vie, la mort, la nature, la mythologie, les systèmes de croyances religieuses, la condition humaine et le développement durable.

Holly King, Lush, 2003. Épreuve à développement chromogène, 1/5, 152 x 109 cm (œuvre); 166 x 123 cm. Collection du Musée national des beaux-arts du Québec. Achat pour la collection Prêt d’œuvres d’art du
Musée national des beaux-arts du Québec (CP.2006.22) © Holly King. Photo : MNBAQ, Patrick Altman

Les collections rencontrent McQueen

Issue du MNBAQ, l’œuvre d’Holly King, créée en 2003 et intitulé Lush a notamment inspiré Alexander McQueen pour la création de sa collection A/H 2008-09 intitulée : La fille qui vivait dans l’arbre.

Bel exemple, ici, évoque Maude Lévesque, des sources d’inspiration du créateur pour cette robe strapless et de la coiffure pour femme créée par Michael Schmidt.

Alexander McQueen, Robe pour femme de la collection La fille qui vivait dans l’arbre, automne-hiver 2008-2009. Los Angeles County Museum of Art, don de la collection Regina J. Drucker, Coiffure pour femme créée par Michael Schmidt. Photo: © Museum Associates/LACMA

Autre source d’inspiration de McQueen est celle provenant de l’œuvre d’art l’Urne, créée par le céramiste Manuel Cipriano Gomes Mafra vers 1865-1887, afin de concevoir sa collection P/E 2010 intitulée : l’Atlantide de Platon.

Manuel Cipriano Gomes Mafra, Urne, vers 1865-1887, Los Angeles County Museum of Art, Don de Barbara et Marty Frenkel. Photo : © Museum Associates/LACMA

Pour cette collection, McQueen évoque un monde imaginaire après la fonte des calottes glaciaires. Monde devenu ainsi hostile, vision bien personnelle du créateur d’une nature à la fois salie et magnifiée.

Des robes-méduses, des ensembles pantalon, des manteaux qui ressemblent à des anatomies de pingouins, des scaphandres composent cette impressionnante collection. Les mannequins portent également des chaussures vertigineuses intitulées les armadillos ressemblant étrangement à des pattes d’amphibiens. (1)

Alexander McQueen, Ensemble pour femme (détail) de la collection l’Atlantide de Platon, printemps-été 2010. Los Angeles County Museum of Art, don de la collection Regina J. Drucker. Photo : © Museum Associates/LACMA

Superbe détail d’une robe pour femme tirée de la collection l’Atlantide de Platon

Alexander McQueen, Robe pour femme (détail) de la collection L’Atlantide de Platon, printemps-été 2010. Los Angeles County Museum of Art, don de la collection Regina J. Drucker. Photo : © Museum Associates/LACMA

Fait intéressant, Alexander McQueen appose à ses étiquettes de vêtements, lors de la création de sa collection P/E 2007, une mèche de ses propres cheveux, idée qui plaît alors à sa clientèle.

Thématique de la mort dans les collections artistiques

Le thème de la mort comme source d’inspiration tant en histoire de l’art que pour un créateur de mode revient périodiquement. L’être humain, de tout temps est fasciné par la mort et par l’au-delà, ce qui a permis aux artistes de mettre en images cette réalité.

Plusieurs représentations historiques de celle-ci existent, elles sont notamment religieuses, héroïques ou bien intimes. C’est pourquoi, jusqu’au milieu de XXe, la mort fait partie du quotidien des gens. Elle est montrée par l’exposition du corps du défunt. De nos jours, la mort est tenue loin de nous indique Daniel Drouin. Le deuil doit se vivre rapidement et puis, il est de bon ton de reprendre le cours de sa vie.

Ce thème se retrouve, au 19e siècle, dans les objets d’art décoratifs comme les bijoux. Les bracelets de deuils, bagues, chaînes et médailles sont les tendances du moment. Des cheveux du défunt sont encapsulés dans les bijoux en tant que souvenir de deuil. Les métaux utilisés sont précieux afin de démontrer son attachement envers l’être cher. Les labels de McQueen apposés en 2007 sur ses modèles font vraisemblablement écho à cette mode.

Broche de mariage

Alexander McQueen réinterprète, pour sa collection P/E 1999, La Mort du cygne incarné par le top modèle Shalom Harlow. Collection qui sera à l’apogée des ses défilés de mode. La robe portée par Harlow lors de ce défilé se fait littéralement arroser de peinture par deux robots.

La Mort du cygne

Le collectif d’artistes de Québec, le BGL, est un groupe reconnu pour ses installations artistiques prenant possession des lieux où ils exposent et également de l’espace public. Ce groupe revendicateur se veut provocant, critique et explosif. Les œuvres d’art réalisées utilisent l’humour, parfois grinçant et l’extravagance pour conscientiser la population concernant les différents enjeux sociaux et politiques de notre société. (2)

Bernard Lamarche relate l’exemple de l’œuvre Good Night Darty créé par ce collectif en 2006-07. Œuvre montrant le personnage de Dark Vador, cette figure paternelle du film Star Wars, qui est fondue et, par la suite, il ne reste qu’une simple réduction du personnage. Réduction qui symbolise cette abaissement.

Le travail de McQueen aborde également en termes de démarche critique. L’on a qu’à penser à la collection A/H 2009-10, The Horn of Plenty dénonçant ainsi l’abondance de nos sociétés modernes versus la pollution qui en résulte.

Horn of Plenty

Autre collection marquante, est celle du P/E 2004 intitulée Delivrance inspirée du film réalisé par Sydney Pollack They Shoot Horses Don’t They ? Film de désespoir concernant cette jeunesse en manque de moyens financiers durant la Grande dépression des années 30 aux États-Unis.

Synopsis

À propos des panélistes invités :

Biographies

Maude Lévesque, commissaire de l’exposition Alexander McQueen : l’art rencontre la mode

Bref, une intéressante conférence qui a permis d’explorer l’univers fascinant et tourmenté de ce grand créateur de mode britannique dont il sera possible, à Québec, d’admirer tout le travail et le savoir-faire de ses fabuleuses créations. C’est donc un rendez-vous mode exceptionnel jeudi 15 juin prochain !

Photographies : travail personnel, 11 mai 2023, Musée National des beaux-arts du Québec.

Images et crédits, MNBAQ, Alexander McQueen : l’art rencontre la mode du 15 juin au 10 septembre 2023.

Sources recherches complémentaires :

(1) Vanityfair, France, Mode : Alexander McQueen, le prince des ténèbres, Loic Prigent, 17 mars 2016.

(2) Site Web, BGL, Collectif d’art contemporain québécois, section à propos.

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