
Mercredi 8 juin 2022 se déroulait, au Musée national des beaux-arts du Québec, la conférence de presse de la fascinante exposition présentée tout l’été à Québec intitulée America. Entre rêves et réalités. Et, DL Vision Mode y était !

En exclusivité mondiale et créée spécialement pour le MNBAQ à partir de la prestigieuse collection du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington DC, le Musée national d’art moderne de la Smithsonian Institution, cette grande exposition permettra au visiteur de découvrir une vue d’ensemble de l’art américain datant de 1914 et ce, jusqu’à de nos jours.

Regroupant 82 artistes et 96 oeuvres telles que des peintures, sculptures, oeuvres sur papier et des vidéos, cette exposition nous plonge directement dans l’univers contrasté, et effervescent de notre grand voisin du sud soit les États-Unis d’Amérique. Pays à la culture des multiples paradoxes, cette dernière constitue l’essence même de cette collection.

Cette fascinante exposition s’articule autour de sept thèmes démontrant pertinemment bien la lecture artistique qui a permis de définir et de réinventer ce fameux rêve américain.

Dès l’arrivée dans la première salle dont le thème est Rêves et Réalités, l’oeuvre de Rosalyn Drexler intitulée Chubby Checker créée en 1964, attire rapidement l’attention. Cette artiste, dramaturge, romancière et lutteuse professionnelle, visualise le célèbre chanteur afro-américain dansant le twist. Cette mise en valeur du personnage, à l’époque où le mouvement de la défense des droits civiques s’amplifie émeut et surprend.

Autre oeuvre marquante est celle d’Andy Warhol intitulée Les lèvres de Marilyn Monroe créée en 1962. Fascinée par cette icône de la mode et du cinéma, l’artiste découpe la bouche de la vedette et l’a reproduit par sérigraphie. Cette répétition du sujet révèle la connotation sexuelle de celle-ci, mais également la surabondance de la publicité bien présente dans la société de l’époque.

Malcolm Morley, peintre hyperréaliste, réalise en 1968 une oeuvre intitulée Scène de plage. Celle-ci démontre bien le rêve américain tel qu’on le connaît traduisant ici les aspirations au bonheur des classes sociales moyennes américaines de l’époque.

Le thème Paysages Imaginés nous fait découvrir la superbe oeuvre du peintre abstrait Morris Louis intitulée Point de quiétude. Celle-ci fait partie de la série Florals. Ici, l’artiste, par l’innovation technique et formelle de l’oeuvre, fait allusion de façon suggestive aux abstractions organiques des oeuvres des peintres modernistes américains de cette période.

Le thème Le corps social permet de découvrir l’impressionnante oeuvre de Nick Cave créée en 1959 et intitulée Costume sonore. Cette oeuvre dénonce l’intervention policière envers Rodney King en 1991 à Los Angeles.

Artiste de race noire, Cave sent tout de suite sa vulnérabilité. Ce costume sonore représente donc une muraille qui protège le corps contre l’accès des regards envers la race, le genre et la classe sociale. La représentation artistique liée à la fête de Pâques symbolise ici l’idée de la résurrection prochaine.

Le corps social en tant que portrait permet à travers l’art de mieux exprimer la perception qu’ont les Américains d’eux-mêmes et l’environnement dans laquelle ils évoluent.



Le thème Migrations permet d’apprécier cet art américain qui est issu des rencontres et des interactions sociales entre les différentes cultures provenant du monde entier.

L’oeuvre de Rozeal, Iona Rozeal Brown, créée en 2006 et intitulée Style libre : ne fait pas semblant, on voit clair en toi, pose un regard songé sur l’hybridité culturelle et sa manifestation envers l’identité culturelle.
Le thème de l’exposition Éloge du quotidien réfère au fait que la vie quotidienne occupe une place importante dans la vie des Américains. Et, cette démonstration représente un trait unique de l’identité nationale.

En ce sens, cette ludique oeuvre de Claes Oldenburg intitulée 7-UP et créée en 1961 est éloquente. Ici, l’artiste pose une réflexion ironique sur la commercialisation de la société américaine. Cette sculpture fabriquée de plâtre, toile et fil de fer est une réplique grossière et satirique des biens de consommation courants.

L’oeuvre de Mary Weatherford intitulée Moteur et créée en 2014 fait partie du thème Nouvelles technologies. Au cours du 20e siècle les inventions telles que la radio, le cinéma, la télévision et l’ordinateur ont transformé les États-Unis d’Amérique et ont eu une influence marquante sur le travail artistique.
Ici, Mary Weatherford s’inspire de l’ambiance des ports new-yorkais pour évoquer le motif de l’eau. Elle ajoute par la suite des néons de couleurs contrastantes afin de produire une lumière vive procurant ainsi intensité et force au dessin.

Le dernier thème de l’exposition intitulé Pluralismes est remarquable. La décennie 60, aux États-Unis, est marquée par de profonds changements sociaux et politiques. Plusieurs oeuvres artistiques dénoncent ainsi ces bouleversements.

Difficile de passer sous silence l’impressionnante oeuvre de Beverly Semmes intitulée Robe rouge et créée en 1992. L’artiste bien connue pour ses oeuvres textiles abordant des thèmes liés à la féminité et son image corporelle, exploite ici le pouvoir dit théâtral du vêtement et sa capacité à évoquer notre personnalité.

Cette robe rouge est flanquée au mur du musée tel un tableau et l’immense cascade de velours rouge vif qui s’étend au sol symbolise pour l’artiste une flaque, voir des composantes de sa vie plus intime évoquant probablement les périodes féminines.
Présentée jusqu’au 5 septembre 2022, cette impressionnante exposition nous fait revivre artistiquement tous les bouleversements sociaux et culturels qui ont marqué principalement l’histoire américaine mouvementée du siècle dernier. Exposition définitivement à voir !
Photographies, travail personnel et François Berthiaume, Musée national des beaux-arts du Québec, 8 juin 2022.