Remarquable évènement mode présenté par les finissants de l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM

Mercredi 15 mai 2024 avait lieu au Pavillon Sherbrooke de l’Université du Québec à Montréal le fabuleux défilé des neuf finissants en design de mode de l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM et quelle magnifique soirée passée en leur compagnie !

Lors de cette même soirée, les finissants en théorie, culture et valorisation de la mode ainsi que les finissants en stratégie et gestion des affaires ont présenté une intéressante exposition dévoilant leurs univers stylistiques et uniques de la mode.

Des prix ont également été remis dont notamment le prix Maryla-Sobeck en design de mode d’une valeur de 2 500 dollars décerné à Ruochu Xie pour sa créativité et la qualité de son dossier académique.

Saidatou Dicko et Ruochu Xie

Le prix Telio Impact d’une valeur de 1 000 dollars a été décerné à Loïse Chouteau pour l’intégration dans ses créations des principes de l’ONU en matière de développement durable.

Saidatou Dikto et Loïse Chouteau

Et, c’est devant près de 400 invités triés sur le volet que les neuf finissants de cette cohorte ont présenté leurs incroyables collections.

Projets de fin d’études 2024

Saidatou Dickto, directrice de l’École supérieure de mode

C’est dans une ambiance survoltée que la soirée a débuté avec la présentation de la collection de Loïse Chouteau intitulée KITSCH GRANNY.

Collection des plus ludiques et colorées qui esquissait un sourire aux lèvres. Celle-ci se veut d’ailleurs un joyeux clin d’œil aux vêtements que portaient nos grands-mères. Modèles réinterprétés d’ailleurs avec brio de façon grossièrement kitsch et humoristique.

Vieillir en beauté

Cette collection se veut un hommage au fait de vieillir et de célébrer la beauté à chaque étape de notre vie. Celle-ci tente de redéfinir la beauté. La notion de vieillissement prend alors un tout autre sens, celui de célébrer l’individualité et la confiance en soi, et ce, à tout âge.

Collection où les modèles en tricot et le joli macramé artisanal nous transportaient dans un univers complètement vintage réactualisé et j’ai bien aimé !

Le pouvoir féminin en devenir ?

Mahélie Bastille a présenté POOR BLUE. Une collection engagée où elle dénonce vivement le manque de pouvoir féminin imposé par la société dans laquelle nous vivons.

Manque de pouvoir qu’elle transforme via sa collection en un avantage social et ce, par la transition de l’innocence de l’enfance vers le sex-appeal de l’âge adulte.

Cette collection, par cette représentation imaginaire, établit le lien entre l’innocence et le pouvoir de l’âge adulte souvent associé à la gent masculine. S’oppose ici les concepts d’hyper innocence et d’hyper indépendance. Concepts vraiment intéressants et actuels.

Mahélie Bastille se reconnaissant dans cette représentation imagée met, ici, en valeur la dentelle pour exprimer l’hyper innocence et les silhouette des vêtements sont ainsi ajustées afin de marquer la finesse de la taille tout comme le faisaient les stars des années 50.

Puis à l’opposé, l’hyper indépendance s’exprime ici par le pouvoir qu’elle associe aux éléments de la garde-robe masculine telle que le chemisier en popeline, les lainages à rayures ou bien les riches carreaux.

Le danger de l’intelligence artificielle

L’intelligence artificielle se développe à pas de géant à tel point que certains sonnent déjà l’alarme et appel à freiner les capacités d’apprentissage de ces puissants outils informatiques. Or, cet avancement technologique s’inscrit dans les nouvelles révolutions industrielles de l’ère de la quatrième révolution industrielle.

Mais, retournons un peu en arrière afin de comprendre. À l’aube du XIXe, en Europe des changements majeurs se sont aussi produits comme le boom ferroviaire des années 1840.

Révolution industrielle

En France, à ce moment sont organisés ce que l’on appelle le bal des victimes. Fêtes aristocratiques peu joyeuses en tant que thématique permettant de rassembler ainsi les proches des personnes ayant été guillotinées pendant la Révolution française qui durera 10 ans.

Le bal des victimes

S’inspirant de cet événement marquant, Etienne Levi, à travers sa collection intitulée LE BAL DES VICTIMES, tente de construire une critique réfléchie concernant notre modèle social.

C’est ainsi que le designer indique que Bientôt nous serons toutes et tous à la fois responsables et propres victimes de cette machination infernale.

Il se demande alors pourquoi utiliser l’IA si nous y risquons nos métiers et notre savoir-faire.

Le processus créatif du designer a pour but de conjuguer l’artisanat local au savoir-faire propre à l’être humain tout en profitant des avancées technologiques et de l’IA afin de combler ses lacunes. Et, le résultat artistique est fabuleux !

S’inspirer de sa douleur physique pour créer

La collection présentée par Chloé Vaillancourt intitulée INSIDE OUT était des plus surprenantes et intéressante à la fois. Inspirée de son expérience personnelle, cette collection nous transporte dans son univers où le syndrome du côlon irritable est source d’inspiration, car elle en souffre elle-même.

Partant de cette prémisse, sa principale source d’inspiration est l’anatomie afin de créer d’intéressants volumes et textures dans le but de rendre ce qui est invisible bien visible. Ces formes et volumes se veulent ainsi irréguliers, sans angles, aux contours fluides, d’aspect aléatoire et plutôt abstrait.

Le syndrome dont souffre la créatrice l’invite à rechercher le confort et la douceur avant tout. Elle privilégie ainsi les tricots fins, l’organza, la soie ou le velours comme matières premières. Des techniques en impression 3D et des tissus synthétiques fondus ont également été utilisées afin de réaliser cette collection.

Son lit est SON refuge douillet et cette émotion s’exprime par l’utilisation du duvet, de la bourrure afin de procurer l’effet d’enveloppement. Et, j’ai bien aimé le résultat final de cette collection !

S’inspirer de la musique pour créer

Yuli Chouinard Quenneville a présenté ce soir-là la magnifique collection intitulée DISSONANCE. Inspirée des instruments de musique à corde comme les violons, altos, violoncelles et contrebasses, cette collection insuffle un style classique influencé par le mouvement romantique qui était présent en Europe entre les 18e et 19e siècles.

Dissonance trouve également sa source d’inspiration dans une pièce pour quatuor composée par Mozart, le quatuor à cordes, No.19 en ut majeur, K.465′ surnommé alors dissonance et ce, en raison de son introduction lente. Chaque instrument émerge graduellement créant ainsi un effet sonore dissonant afin progressivement de former une mélodie agréable à entendre.

Dans cette collection songée, cette rupture harmonique est représentée par la déconstruction des formes, des couleurs et textures des instruments de musique. La composition vestimentaire suggère un certain désordre pour ensuite retrouver son équilibre. Les couleurs et les structures reliant les pièces de la collection s’amalgament enfin pour former un tout.

Forte de cette réflexion, Yuli Chouinard Quenneville utilise des tissus légers et fluides pour représenter la transparence et en opposition des matières fortes et rigides pour exprimer la force et la rigidité. Or, le résultat est saisissant. J’ai adoré cette collection et elle est d’ailleurs mon coup de cœur perso de la soirée.

La créatrice conclut sa réflexion en ces termes :

La présence du symbolisme de l’instrument déconstruit établit un discours sur la féminité et l’importance des femmes dans la musique classique, où une majorité masculine domine toujours, notamment chez les chefs d’orchestre. Les pièces de la collection tentent de communiquer et d’établir un discours sur la réappropriation de la musique et des instruments par les femmes. Elles sont ici maîtresses de leur corps et de leur instrument, leurs formes et lignes se superposant à celles de leur anatomie.

Lorsque la laideur côtoie le beau

ALWAYS YOUNG présentée par Géraldine Faure était une symphonie de joie, de couleurs et d’éclatement visuel sans bornes. Mais, avant d’en arriver à ce résultat, la créatrice a puisé ses sources d’inspiration, pour créer cette collection, de son adolescence insouciante et heureuse.

Géraldine Faure a étudié dans une école privée religieuse où l’uniforme était de mise. Les jours de congé étaient synonymes de jours de fête et celle-ci, par son habillement, révélait enfin sa personnalité. Son style vestimentaire authentique était alors très coloré arborant ainsi plusieurs motifs différents de styles éclatés.

Est-ce beau ou bien laid ? Peu importe, se disait-elle. Elle se sentait bien et était fière de porter ces accoutrements au détriment du regard des autres qui parfois affichaient un certain dédain. C’est de cette façon que sa personnalité et sa confiance en soi se sont forgées.

Cette collection fait ainsi écho aux vêtements qu’elle rêvait de posséder dans sa garde-robe. Vestes XXL, bermudas effrangés, jeans troués, robe en denim, manteau de cuir et t-shirts excentriques, tous font maintenant partie de cette collection qui est à son image.

Créer des motifs uniques, amalgamer des accessoires et des vêtements de styles différents, de couleurs et des textures hors normes, mélanger des matières opposées, coordonner des jeans avec une jupe, une brassière en tricot par-dessus une veste XXL tels sont les inspirations qui ont guidé la conception de cette rafraîchissante collection.

Le résultat doit être totalement inattendu et étonnamment beau explique la créatrice.

Le voyage comme source d’inspiration

Certaines villes se développent aujourd’hui à la vitesse grand V comme c’est le cas dans la région reculée de la commune de Rako, dans la province du Sichuan en Chine, que Ruochu Xie a récemment visitée.

Région qui se développe rapidement grâce notamment à la généralisation de l’Internet et du système Apple iOS traduit en langue tibétaine. Avancée technologique qui permet cette nouvelle connexion avec le reste du monde.

Or, paradoxalement, elle découvre, dans cette région reculée, un atelier de confection où le temps s’est arrêté et où l’on travaille toujours l’artisanat traditionnel tibétain de façon remarquable.

C’est ainsi que Ruochu Xie a présenté ce soir-là sa superbe collection PARADIS CACHÉ inspirée d’éléments de cette longue tradition, agencée à des silhouettes modernes afin d’offrir de superbes vêtements non-genrés aux jeunes citadins.

Cette collection est composée de larges manteaux, de vestes ouatinées, de combinaisons ingénieuses et de pantalons amples unisexes. Les tissus tibétains traditionnels procurent également à la collection un caractère sacré qui est cher à la créatrice.

Les couleurs naturelles et les nuances puisées dans les teintes de brun terreux, de rouge brique et de bleu azur évoquent ce lien entre tradition culturelle et modernité. Les fibres naturelles et feutrées dominent la collection. Les modèles imposants et structurés sont majoritairement longs et amples afin d’évoquer la quiétude et la beauté isolée d’un plateau régional.

Cette collection m’a fait rêver et m’a transporter dans des contrées lointaines, j’ai adoré !

S’inspirer d’un conte de fées norvégien pour créer

Les sources d’inspiration d’un designer sont souvent variées et c’est ainsi que Kessen LouisSaint a conçu cette intéressante collection intitulée DAME ET CHEVALIER. Collection qui a soulevé la foule lors de sa présentation.

Explorer le concept de la beauté féminine lié à une passion amoureuse interdite à travers un passage du conte de fées intitulé The Lassie and Her Godmother telle est sa principale source d’inspiration.

De plus, une série de quatre illustrations de l’artiste Kay Nielsen, qui illustre ce conte, viennent renforcer ce concept de beauté lié au désir de ce monde imaginaire.

Empreintes de poésie, les couleurs de la collection sont terreuses. Aux verts, jaunes, bleus, roses, orangés assombris se mélangent aisément le blanc et le noir.

Les matières textiles fines et légères utilisées telles que le jersey, le chiffon et le voile représentent bien la légèreté suggérée des illustrations de Nielsen.

Les personnages de ce conte de fées, du prince et de la marraine, sont exprimés dans cette collection par des tissus plus lourds. Les fibres naturelles animales et végétales utilisées évoquent l’aspect naturel des illustrations de l’artiste. Et, le résultat est agréable à l’œil !

Et, pour terminer la soirée dans la plus pure tradition de la présentation d’un défilé de mode conventionnel, c’était l’arrivée de la mariée, mais cette fois-ci toute vêtue de noir.

Quand le noir fait la mariée

À l’opposé de la mariée traditionnelle, la collection de Charlotte Houle intitulé LE NOIR FAIT LA MARIÉE explore l’absence de couleur à savoir le noir dans son opposition la plus totale.

L’interprétation de la créatrice de cette mariée vêtue de noir se rattache à une personne qui ne s’identifie pas nécessairement à l’identité de la pureté et de la simplicité associée à la mariée traditionnelle vêtue de blanc. Elle évoque plutôt la maturité, une force de caractère acquise par ses expériences passées.

Porter le noir le jour de son mariage est audacieux étant donné le symbole de cette non-couleur traditionnellement associée au deuil. Or, la tombée des vêtements se veut légère, les matières sont transparentes, cette collection se veut vaporeuse et très féminine.

Le satin et les crêpes apparaissent à travers cette légèreté qui se compose de dentelle, de filet et plumetis. S’ajoute à cette beauté, des détails de perlés et des éléments de plumage afin de procurer un mélange harmonieux dont le contraste se situe au niveau de la superposition des éléments.

J’ai adoré cette collection en raison de la féminité des modèles présentés, de leur originalité et leur modernité, bravo !

Une remarquable direction artistique

La direction artistique de ce grand événement mode était assurée par Philippe Dubuc. Alors, oui, définitivement interviewer Philippe Dubuc afin d’en apprendre davantage sur l’organisation d’une telle soirée mode !

Lors de cette entrevue, il m’a parlé de son mandat en regard de l’organisation de cet événement grandiose et des défis que lui et son équipe ont eu à relever.

Nous sommes là pour les aider à enjoliver et rehausser la qualité de leurs créations…un des défis était de respecter le plus les collections des étudiants…et de faire plaisir à tous ces beaux étudiants…le défi aussi de faire cela dans un contexte scolaire avec peu de temps devant nous…le défi aussi de créer l’exposition. L’image de marque de l’ESM est importante et le défi est d’amener cette image de marque à un niveau un peu plus élevé…mon mandat est de créer une image de marque forte.

Bref, une mémorable soirée passée en leur compagnie à admirer leur immense talent et leur riche savoir-faire. Bagage académique et personnel qui est voué à une prometteuse carrière professionnelle.

Sources recherches :

Projets de fin d’études 2024, section design, École supérieure de mode, ESG UQAM.

Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Mention de sources photos François Berthiaume, 15 mai 2024, Pavillon Sherbrooke, Université du Québec à Montréal.

Un album photos de la soirée est également visible sous ce lien :

ESM 15 mai 2024

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