Fibershed Québec dévoile les résultats de ses recherches en vue de produire de la laine

Jeudi 25 septembre 2025 était présenté au Musée Redpath de l’Université McGill, par Fibershed Québec dans le cadre de la Semaine Mode de Montréal, d’enrichissantes conférences intitulées Fibershed Québec : à la rencontre des fibres locales dans le but de donner suite aux recherches menées cette année afin d’établir les caractéristiques des toisons des races de moutons au Québec.

Et, je reviens en particulier sur celle présentée par Marie-Ève Faust qui a notamment retenu mon attention et qui a dressé un portrait fort éloquent de la situation actuelle en termes de production de laine au Québec.

Suites à des réflexions amorcées en 2021 notamment chez Mmode, en 2024, se déroule au Musée McCord Stewart le Bal de Laine. Cette soirée-bénéfice était dédiée à la promotion des bienfaits de l’utilisation de la laine locale, à la démonstration et à la valorisation des avantages de cette fibre noble. Soirée-bénéfice qui a permis d’amasser un montant de 20 000 $ afin de réaliser les recherches.

Au Québec, la laine a bien souvent mauvaise presse, à savoir que la laine ça pique et donc qu’elle n’est pas confortable à porter. Pour cette raison, les toisons des moutons sont d’emblée jetées massivement.

La recherche

Deux hypothèses sont alors posées :

La première est que nos laines ont les mêmes caractéristiques que celles mentionnées dans la littérature.

La seconde est qu’au Québec, pour une même race de moutons, nos laines sont différentes, n’ont donc pas les mêmes caractéristiques, et ce, selon l’endroit, le climat, la région géographique, le genre, le sexe de l’animal et selon l’âge.

La littérature concernant le sujet nous informe que : 

La laine correspond à la toison des moutons et son abréviation internationale est WO possédant ainsi des caractéristiques générales qui vont de fine, moyenne à grossière. Ses propriétés générales veulent qu’elle soit peignée ou cardée, résistante ou pas à l’abrasion, bon isolant, apte à la coloration et difficilement inflammable.

Les avantages

La laine est une ressource naturelle renouvelable, biodégradable et recyclable. Si elle est tissée ou tricotée, elle peut être réutilisée. Elle est lavable à la main, qu’elle soit tricotée, tissée ou bien feutrée.

L’état de la situation actuelle est que le Québec est la 3e province productrice de laine en termes de quantité et, en 2016, la province représentait 23% de la production canadienne de laine avec 283 tonnes de toisons (1)

Selon le rapport annuel du LEOQ de 2024, 937 entreprises possèdent une production ovine au Québec. Ces éleveurs se retrouvent principalement en Montérégie, au Bas-Saint-Laurent, en Estrie et en Chaudière-Appalaches.

On compte également 200 races de moutons différentes et parmi celles-ci notons la race de mouton Katahdin, Icelandic, Mérinos, Rambouillet et Suffolk.

Pour mener à bien cette recherche :

La méthodologie de l’étude se voulait mixte et l’échantillonnage de convenance comportait 6 races de moutons dont la Baby Doll, Cheviot, Dorset, East Friesian, polypay et Romanov.

Lors de la conférence, Marie-Ève Faust a détaillé la littérature de chacune des races et précisé les caractéristiques de chaque laine.

Les résultats :

Rappelons que la littérature sur le sujet nous informe de la provenance notamment de l’animal et de ses caractéristiques en regard de sa toison, sa couleur, du diamètre et de la longueur de son poil, la laine.

La laine provenant de la race Baby Doll procure une laine similaire à la littérature.

Les laines provenant des races Cheviot et Dorset présentent des résultats plus élevés que la littérature, ce qui signifie que ces laines sont plus grossières.

Les laines provenant des races East Friesian et Polypay présentent des résultats différents de la littérature et sont considérées comme intéressantes.

La laine provenant de la Romanov présente des résultats différents de la littérature.

Surpris par ces résultats ?

Rappelons-nous que pour obtenir une laine fine qui se portera sur notre corps, nous avons besoin entre 12/15 inférieur ou égal à 24,5 microns soit 0,0245 mm. Or, l’étude démontre assez bien qu’aucune laine ne possède cette norme.

L’étude démontre également que les races de moutons, Baby Doll, Cheviot, Dorset et Polypay possèdent un nombre de 24,5 et 34 microns soit de 0,0245 et 0,034 mm, ce qui classe ce résultat parmi une laine de type moyenne. Reste la romanov qui présenterait un certain potentiel.

Ce qui mène à la conclusion qu’il n’y a malheureusement pas de réel potentiel de production de laine locale tissée ou tricotée pour la fabrication de vêtements au Québec en raison de l’absence de laine suffisamment fine. À cette raison s’ajoute également la perception face à l’inconfort de la laine sur notre peau. En revanche, il existe de belles laines pour la fabrications de mitaines, de tuques, de foulards, de tapis et de décoration intérieures. Situation actuelle qui motive des chercheurs comme Philippe Denis à explorer de nouvelles possibilités de production locale comme celle à partir d’algues marines…

Source (1) Ministère de l’Agriculture, 2025.

Photographies, travail personnel, Musée Redpath, Université Mcgill, 25 septembre 2025.

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