Découvrir l’évolution du goût à travers les siècles au Musée de la Mode et du Costume de Florence

Robe du soir en taffetas de soie et cape de velours, Roberto Capucci, Rome, 1957.

En juin 2024, j’ai eu la chance de visiter le magnifique Musée de la Mode et du Costume, au Palais Pitti de Florence en Italie. Et, quel mémorable moment à admirer toutes ces belles tenues, à découvrir l’histoire de la mode, de la haute couture, de l’évolution du goût à travers des siècles d’histoire et apprécier d’étonnantes découvertes !

Robe de soirée et cape – Roberto Capucci

Palais Pitti, vue de l’avant.

Entrée du Musée de la Mode et du Costume

Situé dans la Galerie des costumes, la Palazzina della Meridiana, ce musée permet de découvrir plus de 15 000 vêtements et costumes de théâtre qui ont notamment été légués par l’atelier de couture historique Sartoria Tirelli. Collection entière qui date du XVIe à de nos jours.

Première salle d’exposition en entrant au Musée comportant la collection permanente

Ce musée est d’ailleurs le seul en Italie à détailler l’histoire de la mode italienne qui s’étend du XVIIIe jusqu’à de nos jours. La Galerie des Costumes permet également d’apprécier une magnifique collection de bijoux de fantaisie qui date du milieu du XXe siècle.

Cette collection de costumes comprend plusieurs vêtements dessinés par les plus grands créateurs de mode italiens et internationaux comme Elsa Schiaparelli, Gianni Versace, Gianfranco Ferré, Giorgio Armani et plusieurs autres.

Fondée en 1983 par Kirsten Aschengreen Piacenti, la Galerie des Costumes se déploie sur quatorze pièces qui ont vu le jour sous le règne de Ferdinand III de Toscane et dont la rénovation s’est terminée en 1858. Cette Galerie des Costumes contient d’ailleurs l’une des plus récentes collections du Palais Pitti.

Dû à la fragilité des costumes présentés, une rotation d’au moins à tous les deux ans s’effectue par le biais du regroupement de ceux-ci par type et par thème. Après trois ans de fermeture en raison d’une rénovation complexe, ce musée a rouvert ses portes en 2023.

Et, la nouvelle exposition visitée en 2024 se caractérisait par l’intéressant dialogue entre les vêtements, les accessoires et les différentes formes d’art, comme la mode et la peinture, à savoir établir le lien entre les vêtements présentés et les peintures datant d’une même époque.

Chaussures en cuir dorée pour dame, circa 1924-25, perruque argent, 1920, perruque dorée, 1920.

D’étonnantes découvertes

Lors de cette visite, on y découvre les vêtements funéraires portés par le grand-duc de Toscane Cosme Ier de Toscane, par sa femme Éléonore de Tolède ainsi que de l’un de leurs fils Garzia de’ Medici. En 1857, le gouvernement italien décide d’exhumer leurs sépultures afin de les identifier.

Et, un siècle plus tard, ces vêtements se retrouvent à la Galerie du Costume en 1983 en bien piètre état comportant ainsi des masses indistinctes et des tissus informes. Ils font alors l’objet d’un extraordinaire projet de restauration.

Le vêtement funéraire d’Éléonore de Tolède

Éléonore de Tolède naît en 1522 à Tolède, capitale espagnole de la province qui porte son nom. Elle épouse en 1539 Cosme 1er et elle décède en 1562, à Pise, des suites d’une maladie pulmonaire.

Robe funéraire d’Éléonore de Tolède

Cette robe sans manches, lacée au dos portée par la duchesse date de 1562 et elle reflète tout à fait le style vestimentaire des femmes de Florence au 16e siècle. Le corsage et la jupe sont fabriqués de satin de soie jaune pâle et blanc. Des découpes et une bordure au bas de la jupe, en guipure de velours brune brodée de fils d’or et d’argent, procurent contraste, élégance et richesse à celle qui la porte. Éléonore de Tolède portait également sur sa tête un bonnet de velours noir.

Détail du corsage de la robe

Reproduction graphique de la robe

Les vêtements funéraires de Don Grazia de’ Medici

Don Grazia de Medici est le septième fils du couple et le favori de sa mère. Il naît en 1547 et meurt à Pise en 1562 des suites de la malaria.

Le costume qu’il porte alors est typique du costume masculin porté au 16e siècle. Le jeune homme est vêtu d’un pourpoint en satin rouge matelassé de fil d’or formant de fines rayures, et la partie de l’abdomen est rembourrée conformément à la mode de cette époque. Les hauts-de-chausses en velours quant à eux sont confectionnés selon la coutume espagnole et les larges bandes qui les composent sont nouées entre elles. Le jeune homme porte également un manteau et une calotte de velours sur sa tête.

Pourpoint et hauts-de-chausses

Reproduction graphique du manteau, du pourpoint et des hauts-de-chausses

Manches du manteau en damas de satin

Ce manteau en damas de satin à motif florentin est bordé de deux bandes en velours à rayures obliques décoratives. Le détail que l’on retrouve sur le dessus de la manche est purement ornemental et sert notamment à distinguer le rang social conformément à la loi somptuaire décrétée par Cosme de Médicis.

Les vêtements funéraires de Cosme 1er de Médicis

Pourpoint

La cappa Magna en gros de Tours marbré se distingue par la croix de l’Ordre qui était autrefois rouge vif et par ses longs cordons à glands de soie.

La mode à travers le XXe siècle

Cette autre section du musée est fascinante, car elle permet d’apprécier des vêtements datant du début du XXe siècle jusqu’au début de l’an 2000. Et, quelques-unes de ces décennies ont retenu particulièrement mon attention.

La mode à la garçonne

Après la Première Guerre mondiale de 1914 à 1918, la mode des années 20 se veut androgyne. La silhouette est droite et la poitrine est aplanie. La mode dite à la garçonne est en vogue, reflétant ainsi l’émancipation féminine de l’époque, les femmes ayant contribué à l’effort de guerre en occupant diverses fonctions jusque-là réservées aux hommes.

Robe Charleston en crêpe de chiffon, Tirelli/Cotumi Rome/Maison Chanel, Circa 1924.

Robe Charleston – Maison Chanel

Les robes du soir se portent longues ou courtes. Les lignes sont droites et l’encolure est ronde ou bien en V. Les tissus se parent de broderies, de franges, de perlage, de pierres du Rhin et de paillettes afin de suivre le rythme endiablé de la musique du Charleston dont Joséphine Baker en incarne l’image. L’allure de ces robe crée d’ailleurs des effets spectaculaires de mouvement.

Robe Charleston de soie dorée et brodée, circa 1925-27.

Robe Charleston

Vue de la salle d’exposition des années 20.

L’âge d’or de la haute couture

L’après-seconde guerre mondiale 1939-1945 voit la mode se transformer à nouveau, procurant ainsi une silhouette beaucoup plus féminine qui est empreinte d’une grande élégance. En 1947, Christian Dior lance le célèbre New Look et il réintroduit le corset. La taille est fine, les jupes sont longues et amples sous le genou et les épaules sont arrondies.

Robe du soir de marque Marianna, Florence, 1952.

Robe du Soir – Marianna

C’est également l’âge d’or de la haute couture parisienne. Les tissus sont luxueux, le velours et le brocard ont la cote. Les robes du soir se parent notamment de tulle, de taffetas, d’organza de soie, de broderies, de joli perlage, de pierre du Rhin et de paillettes.

Magnifique détail de cette robe

Salle d’exposition de la décennie 50

La mode jeunesse

La décennie 60 voit la jupe se raccourcir à nouveau considérablement jusqu’au dessus du genou. La mode est jeune et désinvolte. Inspirée de la décennie 1920, la silhouette est droite ou bien de forme trapézoïdale. Les motifs géométriques et les couleurs vives sont en vogue. Les créateurs vedettes comme Pierre Cardin ou André Courrèges s’inspirent notamment de la conquête spatiale pour créer.

Minirobe en crêpe de soie noire et blanche, Federico Forquet, circa 1967-68.

Minirobe – Federico Forquet

En 1960, la pilule contraceptive est lancée sur le marché américain et, au milieu de la décennie, les minirobes et minijupes deviennent alors le nouveau symbole de l’émancipation féminine.

Robe et manteau – Federico Forquet

Ensemble deux pièces – Valentino

La psychédélique décennie 70

La mode de cette époque se transporte dans toutes les directions. Les influences rock, punk, disco et hippie captent aisément l’air du temps. Les robes et les jupes rallongent à nouveau jusqu’à toucher le sol, c’est la mode maxi. Les motifs floraux et géométriques, voire psychédéliques, sont en vogue. La consommation de drogues dures, comme l’héroïne, insuffle cette désinvolture.

À contre-courant, les microjupes et microshorts volent également la vedette. Les tricots et particulièrement le jersey font fureur. Cette décennie éclatée voit la mode évoluer vers un plus grand pluralisme.

Susan Nevelson pour Kent Scott – Kaleidoscope evening suit, 1979.

Cet intéressant ensemble robe et manteau, dont les tissus ont été dessinés par Susan Nevelson en 1975 et nommé Kaleidoscope evening suit, représente bien la mode psychédélique de cette époque.

Ensemble deux pièces en jersey de soie, Maison MISSONI, 1973.

Ensemble deux pièces – MISSONI

L’anti-mode de la décennie 90

Les tendances de la mode sont désormais multiples, allant du vêtement de style épuré à celui plus élaboré, bien que la mode de cette décennie demeure sobre et conceptuelle révélant ainsi l’authenticité de la personne qui la porte.

Les tons sont neutres et de nouvelles matières techniques font leur apparition comme le néoprène et les microfibres. Les robes et les jupes se portent aussi bien longues que courtes et elles sont ajustées ou bien évasées.

Le déconstructivisme, qui est le mouvement artistique en vogue, consiste, ici, en l’art de déconstruire le vêtement afin de mieux le reconstruire. Les créations d’ Ann Demeulemeester en sont de bons exemples.

Ensembles deux pièces issus de la collection Pleats Please – 1993.

Ces intéressants modèles deux pièces, créés par Issey Miyake et issus de la collection Pleats Please, datent de 1993. Collection qui est entièrement dédiée à la fabrication de masse de robes plissées, considérées ainsi par le créateur comme étant SA contribution la plus valable à la conception vestimentaire.

Pleats Please – 1993

La nouveauté des plis de cette collection, faisant clairement référence à la Robe Delphos créée par le couturier italien Mario Fortuny en 1907, réside dans une savante recherche afin de concevoir de nouveaux fils qui garantissent la rentabilité de cette fabrication en série.

Tenue de soirée – Gianfranco Ferré

Tenue de soirée – Gianfranco Ferré

Costume deux pièces – Paco Rabanne

Cette fascinante visite m’a permis de découvrir l’histoire de la mode au fil du 20e siècle et m’a également permis d’apprécier l’évolution rapide de celle-ci.

Et, ce notamment par la disparition du corset, par la diminution considérable de la longueur de la jupe, par l’apparition de nouvelles matières textiles sur le marché et par la personnalisation de la mode, permettant ainsi la mode en mouvement comme nous ne l’avions jamais connue auparavant.

Mur de photographies

À propos du Palais Pitti

Ce somptueux palais de style architectural Renaissance a été construit dans le quartier Oltrarno qui est situé sur la rive gauche du fleuve Arno. Le centre de ce palais date de 1458 et servait de résidence à Luca Pitti, un riche banquier florentin.

Vue de la rive ouest du Fleuve Arno

En 1549, il est racheté par la célèbre famille Médicis et devient la résidence principale des familles qui règnent sur le grand-duché de Toscane. Ce palais se transforme graduellement en coffre aux trésors et les générations qui se suivent amassent de nombreuses peintures, de l’orfèvrerie, des bijoux et autres biens de luxe.

Vu arrière du Palais Pitti

En 1919, ce palais est cédé au peuple italien par le roi Victor Emmanuel III et il ouvre ses portes au grand public dévoilant ainsi l’une des plus importantes galeries d’art de Florence.

De nos jours, il permet d’admirer plusieurs collections mineures et celle de la famille Médicis, et ce, par le biais de la Galerie Palatine, des appartements royaux, de la Galerie d’Art moderne, du musée de l’Argenterie, de celui de la Porcelaine, du musée des Transports et plus récemment de la Galerie des Costumes.

Le magnifique Jardin de Boboli

Situé derrière le palais Pitti, le Jardin de Boboli est en fait un parc historique de la ville de Florence et s’étend de la Porta Romana jusqu’au Forte Belvédère. Il a été construit en l’honneur d’Éléonore de Tolède.

La construction de ce jardin débute avec l’architecte Niccolò Tribolo, mais celui-ci décède en 1550 avant la fin. Celle-ci se poursuit ensuite sous la gouverne de l’architecte Bartolomeo Ammanati.

Vue des sculptures

Situé sur une colline, il accueil chaque année plusieurs milliers de visiteurs qui peuvent admirer ses magnifiques paysages, sa collection de sculptures romaines et florentines qui datent des XVIe et XVIIe siècles ainsi que son impressionnante vue donnant sur la charmante ville de Florence.

Vue du Jardin de Boboli

Bref, si vous songez visiter Florence un jour et tout comme moi êtes passionnée d’histoire de la mode et de beauté, la visite de ce musée et de ses alentours vous parlera très certainement !

Vue de la ville de Florence

Photographies, travail personnel et François Berthiaume, Palais Pitti et Jardin de Boboli, 15 juin 2024, Florence, Italie.

Sources recherches :

Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Musée de la Mode et du Costume, Palais Pitti, Florence, Italie.

Un bel album photos est également visible sous ce lien :

Musée de la Mode et du Costume

Laisser un commentaire