
Vendredi 27 septembre dernier se déroulait, dans le cadre des Journées de la culture à la VILLA ESTIVAN des Jardins de Métis en présence de l’arrière-petit-fils d’Elsie Reford, Alexander Reford et directeur général, le Vernissage de la pertinente exposition présentée jusqu’au 6 octobre 2024 intitulée Legs et opportunités : pratique des ressources de la terre et du fleuve.

Organisée et présentée par Les Amis des Jardins de Métis ainsi que par Fibershed Québec, en collaboration avec Exploramer, cette belle exposition permet de valoriser les matières textiles provenant de la laine des moutons et des différents organismes vivants dans le majestueux Fleuve Saint-Laurent.


Lors de son passage, le visiteur pourra ainsi découvrir quelques-unes des caractéristiques physiques qui la distinguent. Commissaire de l’exposition, Philippe Denis, PhD, dresse un portrait éclairé de ses transformations ainsi que de ses utilisations dans le but de promouvoir un usage écoresponsable.

Philippe Denis est cet être passionné et passionnant pour qui rien n’est impossible. Et, il m’a fait découvrir lors de cet entretien, par le biais du riche corpus de cette exposition, la synthèse de ses nombreuses recherches durant la période estivale.
Recherches qui lui ont permis notamment une prise de conscience personnelle concernant l’utilisation des ressources issues de la terre, comme celles provenant de la toison des moutons ou bien celles que l’on retrouve dans le Fleuve Saint-Laurent. Ressources, constate-t-il, que l’on n’exploite pas du tout.

De l’autre côté de l’Atlantique, en France, en Espagne et en Islande, grâce à la recherche, des techniques se sont développées, au fil du temps, afin de fabriquer des textiles issus notamment des algues marines, le SeaCell.
Dans le majestueux Fleuve Saint-Laurent, on retrouve par exemple le fucus communément appelé le varech et les laminaires, dites les lasagnes de mer. Or, Philippe Denis se demande s’il est toutefois possible de les transformer.

Autre exemple, de nombreuses carapaces de crabes sont rejetées sur le bord du fleuve. Même constat, est-ce possible de les utiliser en tant que matière textile ?

En fait, oui, le crabe peut être broyé pour devenir, par la suite une fibre que l’on peut filer afin d’en fabriquer une laine composée, par exemple, de soie, de mérinos et de SeaCell. Au Japon et en Corée, on l’appelle la laine de mer.

Philippe Denis me parle aussi de la laine canadienne qui était utilisée à l’époque et qui provenait de fibres courtes et rugueuses. Celle-ci servait alors à la fabrication d’accessoires modes tels que des casquettes.
Après mûres réflexions, le chercheur se demande s’il est possible d’améliorer le confort de cette laine en fabricant une laine composée de fibres plus longues afin, cette fois-ci, de fabriquer des vêtements.

Lors de ma visite, une des vitrines retient mon attention et c’est celle du travail de Vanessa Mardirossian, chercheuse à l’Université Concordia, qui démontre qu’à partir de déchets de table comme des pelures d’avocat qu’elle transforme, il est possible de fabriquer des colorants naturels moins nocifs pour la santé et plus écologiques, représentant ainsi l’ensemble du cercle chromatique des couleurs.
Vanessa Mardirossian – Colorants naturels

La laine comme source d’inspiration
Plusieurs designers de mode québécois ont créé des modèles à partir de la laine, on n’a qu’à penser à Antonio Ortega, Christian Chenail, Marie Saint Pierre, Yves Jean Lacasse, Philippe Dubuc, Jean-Claude Poitras et bien sûr, Francine Vandelac. Ce qui porte à croire que la laine a toujours été présente dans le processus créatif de nos créateurs.


L’entretien se termine et Philippe Denis se demande si le public est prêt à suivre cette mouvance ou bien s’il est seul à fantasmer dans son univers. Toutes ces recherches faites en vain pour un produit qui peut-être ne verra jamais le jour. Or, oui, il y a un intérêt pour aller de l’avant vers ce changement de consommation écoresponsable, constate-t-il, qui s’inscrit définitivement dans l’air du temps.

Bref, une enrichissante exposition où il est possible, par le biais de la vision éclairée de Philippe Denis, d’apprécier les différentes possibilités qu’offre la terre et le fleuve en matière de transformation textile en regard du développement durable, bravo !

Photographies : travail personnel et François Berthiaume, 27 septembre 2024, Villa Estevan, Jardins de Métis, Gaspésie, Québec.