Les véritables couleurs de la mode

Présentée à la galerie courbe du rez-de-jardin du Palais Galliera jusqu’au 15 mars 2024, dans le cadre de La mode en mouvement, l’exposition Les Couleurs de la modeAutochromes du Salon du goût français 1921-1923 est magnifique à visiter.

Aussitôt entré dans la salle, une ambiance feutrée et un éclairage tamisé donne tout de suite le ton à une visite qui nous plonge directement dans cette période foisonnante de l’après-première guerre mondiale.

Le corpus de l’exposition, riche d’une centaine d’images, permet d’ailleurs de découvrir la subtile palette de couleurs de l’autochrome et ce, en regard des costumes, accessoires et documents d’archives du musée qui ont été soigneusement sélectionnés.

Le procédé technique de l’autochrome

De 1921 à 1923, ces images d’exception permettaient de promouvoir à Paris le luxe français lors d’une manifestation artistique tout à fait nouvelle nommée : Le Salon du goût français.

Présentée de 1921 à 1923 au Palais de Glace des Champs-Élysées, l’actuel Théâtre du Rond-Point, cette exposition créée par l’éditeur parisien Maurice Devriès est originale et moderne à la fois.

Conçue par l’architecte-décorateur Robert Mallet-Stevens, elle rassemble la production des industries françaises du luxe. De plus, l’idée novatrice du salon du goût français est de remplacer chaque objets fabriqué en série par sa reproduction photographique sur une autochrome.

Pour la France qui se sort difficilement des suites de la Première Guerre mondiale, cette exposition, dont l’objectif est de promouvoir la fabrication nationale des arts déco, de la haute couture et des maisons de luxe, permet de relancer l’économie nationale. Celle-ci voyagera par la suite à travers le monde.

Lors de cette visite, il est notamment intéressant d’apprécier ces photographies, aux couleurs inédites, qui amène une vision tout à fait nouvelle de la mode du début des années 20.

C’est ainsi que le Palais Galliera renoue aujourd’hui avec la mode de cette période historique au prisme des couleurs éclatantes de blanc, mauve, bleu, rouge, des riches imprimés et des fabuleuses matières textiles de ces magnifiques autochromes qui ont été présentées au Salon du goût français.

Offerte par Maurice Devriès au musée des Arts et Métiers en 1928, cette exceptionnelle collection permet également à l’époque de relancer les industries françaises du luxe et de réintroduire culturellement le bon goût français.

Les couleurs de la mode

La teinte de la lumière de toutes les couleurs : le blanc.

Au début des années 20, la mode parisienne continue d’être influencée par les Ballets russes. Celle-ci se veut alors très vivante et arbore des couleurs flamboyantes. Cependant, un engouement soudain pour le blanc procure une pause visuelle à ce spectre lumineux qui est la bienvenue.

Ce qui frappe d’ailleurs sur ces belles photographies, ce sont la richesse et la beauté des broderies présentées.

Le blanc se porte alors de la tête aux pieds pour des ensembles de jour avec une préférence pour le blanc cassé. Le blanc se veut immaculé pour les modèles de jeunes filles. Et, l’été, le blanc domine sur des voiles légers parés de broderies colorées. Sur les robes et chapeaux portés aux courses de Chantilly, il sort définitivement grand gagnant.

Le blanc est également coordonné au noir afin de procurer de formidables effets graphiques comme pour des accessoires ou pour des manteaux. Sur certains modèles, il procure l’illusion de porter un ensemble jupe et veste.

Grâce au procédé de l’autochrome, il est enfin possible de saisir les infinies nuances de blanc. Celle-ci restant la couleur la plus difficile à reconstituer, la synthèse de l’addition des trois couleurs primaires soit le cyan, le magenta et le jaune, doit être parfaite.

Le mauve

Les premiers colorants synthétiques apparaissent vers les années 1860, ce qui donne lieux à une nouvelle palette de violet, de pourpre, de lilas et de mauve. Et, c’est l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui donne le ton à cette romantique couleur, car le mauve s’accorde à merveille avec la couleur de ses yeux.

L’engouement pour cette couleur est tel que lorsque pour le bal de l’Opéra de juin 1921, orchestré par la princesse Murat et sous la direction artistique de Paul Poiret qui signe les décors et les costumes, la presse en fait grand bruit. Celle-ci affirme que dorénavant toutes les nuances de violet sont à la mode.

À partir de l’été 1921 et ce, jusqu’à l’été 1923, on retrouve sur les robes et accessoires féminins plusieurs déclinaisons de mauve comme le parme, la lavande, le lilas et le cyclamen. Cette section de l’exposition est d’ailleurs tout en douceur et en féminité.

Le rouge

À cette époque, le rouge se décline en plusieurs nuances telles que le rouge chaud ou bien le rouge vermillon qui sont les préférés.

En ce sens, le rouge pur étant jugé trop éclatant, on lui préfère également des teintes beaucoup plus douces comme le physalis ou la mandarine dont la nuance semble délayée dans l’or.

La nuance de ces teintes est dès lors rendue à travers les autochromes. Elle est rehaussée d’incrustations noires sur par exemple les tailleurs ou les manteaux en lainage. Elle se veut de plus monochrome pour les chapeaux décorés de plumes et de fines mousselines.

Ce rouge nuancé se déploie également sur les robes du soir. Enrichie de broderies et pierres précieuses, puis associé à l’or et aux fourrures, cette couleur procure une allure des plus glamours.

La combinaison de couleurs afin de procurer de riches imprimés

Les imprimés gagnent en popularité à cette époque et les plus audacieux sont réservés aux tenues d’intérieur comme les pyjamas ou bien les longues robes.

Ces imprimés se retrouvent également sur les blouses qui coordonnées au jupes unies procurent un contraste éclatant. Les robes d’été en foulard au tissu frais et léger se parent aussi de leurs plus beaux imprimés.

Les plaques autochromes démontrent bien toute la fantaisie et l’originalité des imprimés à la mode. Les modèles fabriqués en crêpe de soie ou en voiles de coton arborant de larges motifs se démarquent alors par leurs modernismes et leurs vifs coloris.

Bref, une superbe exposition à découvrir au Palais Galliera de Paris jusqu’au 15 mars 2024.

Photographies : travail personnel et François Berthiaume, Palais Galliera, Paris, 23 septembre 2023.

Source recherche : scénographie de l’exposition et Wikipédia, l’encyclopédie libre.

Catalogue de l’exposition :

Auteur : collectif, Les couleurs de la mode. Autochromes du Salon du goût français, 1921-1923, Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, Éditions Paris Musées, 160 pages.

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