
Présentée au Palais Galliera de Paris jusqu’au 7 septembre 2025, l’exposition collections La mode en mouvement est fascinante à découvrir. Présentée en trois parties jusqu’en 2025, cette intéressante exposition donne le ton aux Jeux Olympiques et Paralympiques qui se dérouleront à Paris du 26 juillet au 11 août 2024.

La mode en mouvement
Scénographiée de façon chronologique, cette grande exposition retrace, à travers environ 200 œuvres tirées des collections du musée, l’histoire de la mode de la période allant du XVIIIe siècle jusqu’à de nos jours. Se dresse parallèlement à ce parcours une pertinente thématique transversale attribuée au corps en mouvement.
C’est ainsi que trois siècles de mode et de vêtements destinés à la pratique sportive telle que l’équitation, la natation, le tennis, le ski, le golf, la bicyclette nous est racontée.

Cette scénographie interroge également la place qu’occupe le vêtement dans la pratique d’activités sportives et physiques. Le rapport qu’entretient le corps entre le mouvement et le vêtement ainsi que les conséquences sociales de cette évolution.

Les sources de cette mutation
C’est en Angleterre au XVIIIe siècle que se développe, au sein d’une classe sociale aristocratique, amatrice de loisirs et de plein air, l’attirance pour l’activité physique et le sport. La société française alors grandement influencée par ce nouvel engouement adopte aisément ce nouveau mode de vie.
L’élite française, puis par la suite les classes sociales inférieures ont tôt fait d’adopter cette pratique sportive. Au XIXe siècle, la politique sociale française suivant les théories hygiénistes en vogue encourage cette pratique afin de répondre aux doléances de la santé publique.

C’est ainsi que le rapport au corps, autant celui masculin que féminin, évolue. Le mouvement corporel étant au cœur de la pratique sportive, le vêtement et les accessoires modes doivent s’adapter en conséquence.
Le riche dialogue de l’exposition questionne également la notion de spécialisation du vêtement sportif et d’adaptation, en particulier à la fin du 19e siècle tel que les tenues féminines pour la pratique du sport comme la bicyclette.
Adaptation qui signifie, par conséquent, la masculinisation du vêtement féminin et plus tard l’arrivée du sportswear. Style vestimentaire qui est entré graduellement dans nos garde-robes.

La façon dont le corps évolue au cours des ans est également mis en valeur dans l’exposition à savoir ce corps sportif ainsi que la manière dont il est valorisé à travers le vêtement et ce, dans le but de mieux saisir comment cette libération du corps en mouvement, par l’activité physique, a contribué à faire évoluer les mentalités sociales.
En raison de cette évolution, les canons de la beauté changent également. D’un corps aux formes rondes qui est valorisé au XVIIIe siècle, la mode évolue afin de valoriser un corps plus svelte.

Se baigner dans la mer au XIXe siècle
Les théories hygiénistes prônées depuis le XVIIIe siècle ainsi que les vertus du bien-être des bains de mer pour la santé amènent la création des premières stations balnéaires comme celle de Dieppe en France.
Avec le développement des chemins de fer, au Second Empire, les stations balnéaires se multiplient le long des côtes normandes et basques.
À cette époque, hommes et femmes sont contraints de se baigner séparément et cette nouvelle activité nautique soulève la question à savoir quelle tenue décente porter en public.

Il est alors de mise de porter un costume de bain en laine ou en lin couvrant tout le corps se composant d’une tunique à manches longues et d’un pantalon coupé aux mollets. Pour les dames, un corset prévu à cet effet se veut plus court et peu baleiné. Des bas de laine, des espadrilles et un chapeau complètent cette nouvelle tenue balnéaire.
Graduellement, la baignade se démocratise et le costume de bain s’allège et se raccourcit afin de laisser entrevoir notamment les bras.

Rouler à bicyclette
Autre sport d’intérêt est la bicyclette. La pratique de cette activité physique se développe vers les années 1870 et, en 1880, le Championnat de France de vélocipède est créé. Les femmes enfourchent à leur tour la bicyclette, symbole de liberté et de mouvement.

Mais, cette nouvelle activité suscite beaucoup de critiques notamment du point de vue médicale où elle représente, pense-t-on, un danger pour la fertilité de la femme. Afin de pratiquer ce sport plus aisément, une culotte, vêtement bifide, fendu en deux, inspiré du vestiaire masculin est alors portée par les femmes.
Ce nouveau vêtement féminin vient donc bousculer la définition du genre et questionne en même temps la pudeur ainsi que la décence.

Vers une nouvelle libération du corps
Les années 1910 marquent une période de transition. Entre la Belle Époque et la modernité des années 1920, la Première Guerre mondiale qui sévit en Europe de 1914 à 1918, amène de profonds changements sociaux. Les hommes partis au front pour se battent, les femmes remplacent les hommes au travail et s’émancipent graduellement.
La mode se veut dès lors plus simple et pratique. En raison du manque de tissu et du nouveau mode de vie, les tenues raccourcissent et les modèles se modernisent.

La danse comme moyen d’expression
La guerre maintenant terminée, les femmes s’émancipent. Elles sortent, fument, prennent un verre et dansent au rythme du charleston, du fox-trot et du black-bottom. Les corps en mouvement se dévoilent, les robes raccourcissent, la silhouette est droite et l’allure féminine est androgyne. Les tenues de jour sont sobres et elles sont luxuriantes pour le soir laissant ainsi paraître de magnifiques broderies.

Triomphe de la ligne et de la coupe
Les années 30 marquent le retour à la féminité grâce à la ligne et la coupe du vêtement qui se veulent plus sophistiquées et classiques. Toujours en accord avec le concept de la mode en mouvement, le pyjama du soir fabriqué en satin est apprécié pour son confort et se hisse au rang des tenues de réception décontractées du moment.
En marge de ce mouvement, la pratique du ski alpin favorise une évolution du style qui tend vers une certaine uniformité. La tenue féminine en vogue puise ses sources d’inspiration du vestiaire masculin. C’est ainsi que veste et pantalon de style norvégien sont à la mode. Ces tenues sont élégantes et à la fois adaptées à la pratique de ce sport.

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate et force les maisons de couture à créer différemment, car elles sont soumises à plusieurs contraintes comme celle de l’approvisionnement en matières premières telles que la laine, la soie et le cuir.
La silhouette du vêtement est alors caractérisée par des épaules carrées, une taille plus marquée que lors de la décennie précédente et la jupe raccourcie jusqu’au genou.

L’année 1945 marque la fin de cette Seconde Guerre mondiale et, en 1947, Christian Dior innove en lançant la ligne corolle alors baptisée le New Look. Les épaules sont arrondies, la taille est fine, elle est à nouveau corsetée par cette fois-ci une guêpière, et la jupe est d’une ampleur démesurée. C’est également l’âge d’or de la haute couture parisienne.
Parallèlement à cette mode très glamour, se développe aux États-Unis, le sportswear. Influencés par les stars américaines, le blouson en cuir et les vêtements confortables en maille gagnent en popularité.
Le prêt-à-porter émergent au rez-de-chaussée des maisons de couture en Europe. Il devient de plus en plus de qualité et influencera les créations de la haute couture, la mode en mouvement évolue à nouveau.

La mode jeunesse des années 60
Contrairement à la décennie 50, la mode des années 60 est frivole et libre. Elle est beaucoup moins cintrée et le vêtement tend à s’éloigner du corps. Par le biais de découpes échancrées et de jeux de transparence, le corps se révèle de plus en plus.
La conquête spatiale influence également la mode. La combinaison en vogue souligne la silhouette et permet une liberté de mouvement total. Le short et le pantalon sont les nouveaux symboles de la révolution sexuelle et ce désir d’émancipation chez la femme.

La créatrice britannique Mary Quant lance, en 1962, la minijupe et suivent ensuite les minirobes. Celles-ci facilitent la marche et révèlent encore plus les jambes. Portées en ville comme sur les courts de tennis, ces jupes et robes très courtes provoquent une onde de choc.

Le culte du corps athlétique
Les jeunes créateurs français et étrangers, désormais directeurs artistiques des maisons de couture et à la tête de leurs propres griffes, vont de nouveau bouleverser la mode de la décennie 80.
Thierry Mugler et Claude Montana proposent des silhouettes structurées à carrure d’épaules très larges symbolisant ainsi une femme puissante. Elle est affirmée sur le marché du travail et son allure vestimentaire le démontre tout autant.

Lors de cette décennie, l’utilisation des matières souples procure également une certaine fluidité au mouvement. Le confort demeure la priorité des créateurs de mode qui s’inspirent de l’esthétique sportive de l’aérobic et des premiers concours féminins de culturisme pour innover.
De nouvelles matières légères et élastiques comme le stretch voient le jour et permettent d’épouser le corps en mouvement à merveille.

Le sportswear comme nouveau mode vie
Le vêtement classique en 1990 est, plus que jamais, déconstruit. Les matières techniques, le minimalisme des formes et de la coupe, la fluidité du vêtement permettent dorénavant un confort total et procurent un mouvement du corps, sans aucune entrave, jusque-là jamais égalé. Le t-shirt et les leggings en sont d’ailleurs de bons exemples.

Des maisons de couture telles que Chanel maintenant dirigée sous la griffe artistique de Karl Lagerfeld insufflent une image de marque sportive valorisant ce corps svelte tout en respectant les codes de luxe et de sophistication de la maison.

Plus présent que jamais, le sportswear puisse ses sources d’inspiration de la rue, du hip-hop, de la mode grunge. Influences qui se veulent moins matérialistes.
Les baskets et sneakers à la conquête des podiums de la mode
C’est grâce à l’invention du caoutchouc que sont apparues les premières chaussures de sport. En 1917, l’entreprise américaine Converse lance sa première chaussure sportive adaptée pour la pratique du basket-ball. Cette chaussure à tige haute sert à maintenir la cheville en place.

Graduellement, basket et sneaker vont quitter les terrains sportifs pour s’introduire dans le vestiaire de ville. Elles vont par la suite conquérir les podiums de la mode et lors des années 2000, les maisons de couture telles que Balenciaga puis Christian Dior, Chanel et Valentino vont créer leurs propres modèles.
Fortes de ce succès, ces chaussures sont devenues au fil du temps un véritable phénomène mode qui cible la société tout entière.

Bref, une fascinante exposition à voir qui permet de saisir l’évolution de la mode en regard du mouvement et ce, au fil du temps. La première partie est présentée au Palais Galliera de Paris jusqu’au 15 mars 2024 et cette exposition se poursuivra jusqu’en septembre 2025.


Présentation de la première partie : 16 juin 2023 au 15 mars 2024.
Présentation de la seconde partie : 20 avril 2024 au 5 janvier 2025.
Présentation de la troisième partie : 8 février 2025 au 7 septembre 2025.
Photographies : travail personnel et François Berthiaume, 23 septembre 2023, Palais Galliera de Paris.
Source recherche : Scénographie de l’exposition et Wikipédia, l’encyclopédie libre.