Exposition à découvrir cet été : En/In vogue. Elsie Reford et la mode

Philippe Denis, commissaire de l’exposition, est cet être passionné et généreux qui nous DL Vision Mode a ouvert les portes de l’espace muséologique en exclusivité, le 18 juin dernier pour la visite de la touchante exposition présentée aux Jardins de Métis jusqu’au 1er octobre 2023 intitulée : En/In vogue. Elsie Reford et la mode.

Allocution de Phillipe Denis lors du lancement de l’exposition

Allocution d’Alexander Reford, directeur des Jardins de Métis et arrière petit-fils d’Elsie Reford

Conçue en partenariat avec l’École supérieure de mode de l’ESG UQAM et Antonio Ortega Couture, cette belle exposition nous transporte littéralement au 19e siècle alors que les bonnes manières et le savoir-être donnaient le ton à la société bourgeoise et guindée de cette période historique foisonnante.

Cette belle exposition permet également de découvrir l’influence exercée par les illustrations de mode sur l’intime relation qu’Elsie Reford entretenait avec la mode. La garde-robe présentée lors de celle-ci couvre la période allant de 1892 et 1950.

Philippe Denis explique Elle regardait les gravures de mode versus sa personnalité, qu’est- ce qui est publié et comment elle joue.

Elsie Reford – biographie

Cette exposition est séparée en cinq thèmes éloquents à savoir, la famille, l’enseignement, le modèle britannique, l’aristocratie et la nature. Thèmes qui nous permet de mieux saisir la vie quotidienne des gens aisés de cette époque. Époque qui était d’ailleurs très codifiée socialement, ce qui permettait notamment d’y détecter les intrus.

Le 19e siècle marque la venue de l’industrialisation, de la démocratisation et du nationalisme permettant un développement humain rapide et fort important.

Parlons chiffons

Les gravures de mode sont, à l’époque, ce que sont aujourd’hui les magazines de mode ou bien les pages de modes via Internet diffusées par les influenceurs sur les réseaux sociaux. Elles servaient à informer, éduquer et influencer les gens en matières de mode vestimentaire et de tendances de société.

Les thèmes de l’exposition

La famille

Vers la seconde moitié du 19e siècle, la représentation familiale est grandement mise en valeur sur les gravures de mode et sur ces dessins la jeune femme y est placée au centre de l’image.

Elle est représentée de façon penchée, son attitude bienveillante tend vers ceux que l’on considère alors comme les membres les plus fragiles de cette cellule familiale à savoir les enfants et les personnes plus âgées.

Dans ce contexte, toute jeune femme qui regardait ces illustrations de mode apprenait par le fait même qu’elle était comme une sorte de solide maillon appartenant à une chaine qu’il fallait donc respecter. En se mariant, cette jeune femme se devait de respecter autant la lignée sociale à laquelle elle provenait que celle à laquelle elle allait appartenir.

L’enseignement

C’est à la maison que les jeunes filles de l’époque s’éduquaient. La mère enseigne en lisant ou bien l’enfant apprend en observant ses parents. Un peu plus tard, la jeune femme apprend un instrument de musique en compagnie d’une autre. Celle-ci pourra démontrer ainsi tout son talent musical lors de soirées mondaines organisées par ses parents.

Afin de développer son goût artistique, celle-ci fréquente également les galeries d’art et les musées en compagnie d’une amie dans le but de parfaire son éducation.

Philippe Denis mentionne elle essaie de tout codifier, les périodes de la journée, les événements, elle joue, elle donne ce que les gens s’attendent d’elle, donc sensibilité.

Le modèle britannique

À cette époque, l’art de vivre à la française, avec Paris comme capitale de la mode, était la référence fashionable du moment. L’influence britannique se fait par contre sentir par le récit des gravures de mode du pays, la légendaire ponctualité des trains, les inspirants voyages en région, la mode des étoffes de laine à carreaux tartans écossais et la démonstration de la Marine royale.

La mode et la décoration britannique insufflent alors un vent de confort et de liberté. Le capitonnage couvre autant les fauteuils que les robes. Cette promotion vestimentaire trouve échos dans le fait que les gens pratiquent de plus en plus d’activités extérieures tels que l’équitation, la bicyclette, le tennis ou bien la natation.

Philippe Denis explique

Elle promouvoit l’Empire Britannique, le commerce britannique et elle va annuellement à Londres, les grandes maisons de couture parisiennes ont des succursales, on ouvre les carnets de voyage et on a les factures, Lanvin, o.k. tu t’habilles à la mode parisienne, mais en passant par les succursales londoniennes donc personne ne pouvait lui reprocher de ne pas faire la promotion, elle est au fait de ce qui se fait de mieux.

L’Aristocratie

Le modèle aristocrate anglais est souvent diffusé par les magazines féminins de l’époque. S’ennoblir étant le but ultime à atteindre, ces gravures de mode illustrent bien la fascination que la noblesse exerce chez les gens ordinaires.

Philippe Denis précise, cette exposition, c’est la relation qu’Elsie entretient avec la mode, mais c’est aussi la relation qu’elle va imposer avec la mode au gens qui l’entoure donc soucis de l’excellence.

Attrait qui est bien présent dans les dessins des robes présentées et à porter lors d’événements officiels et mondains comme des présentations à la cour, des bals ou bien des bazars de charité.

Inspirés du 18e siècle, des motifs, des silhouettes et des éléments décoratifs sont ainsi associés à l’âge d’or du mode de vie des nobles qui partagent aisément leur vie entre les salons de leur hôtel particulier et ceux de leur résidence secondaire à la campagne. Ce qui correspond au standard du nec plus ultra en matière de bon goût et de raffinement de cette classe sociale fortunée.

La nature

Le 19e est marqué par d’importantes découvertes qui émanent de tous les domaines. De nombreux explorateurs parcours de nouveaux pays encore inconnus par les Occidentaux et rapportent avec eux, lors de leurs expéditions lointaines, de nouvelles espèces végétales.

Philippe Denis mentionne l’importance du motif floral et que beaucoup de modèles ont été réalisés avec de la broderie anglaise donc une façon de faire entrer l’extérieur à l’intérieur.

C’est dans ce contexte que des serres portatives sont ainsi créées pour transporter ces végétaux dans des jardins botaniques locaux afin que le public puisse les découvrir.

Initiées comme nouvelles sources d’inspiration, les créateurs de mode et les artistes en art décoratifs s’inspirent de celles-ci pour créer des motifs variés et de nouvelles formes artistiques.

Phénomène social intéressant, ces plantes nouvelles et fragiles à la fois importées notamment de l’Asie, contraste avec cette époque ou le développement industriel enfume littéralement les villes.

C’est dans ce contexte que les médecins spécialisés en questions d’hygiène commencent alors à inviter les gens à s’entourer de nature afin de cultiver des plantes à la maison.

Bref, un été Art et Mode où les Britanniques sont définitivement mis à l’honneur et ce, par la présentation de l’exposition consacrée au travail d’Alexander McQueen à Québec. Et, également aux Jardins de Métis par la présentation de la superbe exposition de la garde-robe d’Elsie Reford. Exposition qui est définitivement à découvrir ainsi que les superbes jardins qui entourent la Villa Estevan !

C’est une femme actuelle, elle correspond aux standards d’aujourd’hui.

Philippe Denis

Le pavot bleu

Photographies, travail personnel et François Berthiaume, Jardins de Métis, 18 juin 2023.

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